Le souterrain

Rose a proposé d’aller explorer la grotte, alors Brieuc et moi sommes allés chercher une lampe et une corde…

Par le passé, on avait déploré de nombreux accidents dans cette grotte, pire, des choses très étranges : disparitions, blessures inexplicables, des contes et des légendes sûrement… Etant enfant, lire des journaux n’est pas très amusant, de ce fait, nous ne savions rien de tout cela. Le contraire nous aurait fort découragé, mais nous aurait sauvés…

L’entrée de la grotte était… mal entretenue. Un arbre desséché et sans feuillage arrivait à se dresser sur ses dernières racines, un panneau « danger » dont les lettres rouges étaient effacées par le temps et la pluie gisait là, à l’entrée de la grotte, au milieu de la boue. Mais cela ne nous a pas pour autant découragés – les enfants sont très têtus -. L’intérieur de la grotte n’était point meilleur, l’odeur de moisissures et de champignons piquait le fond de la gorge. La lumière semblait ne pas vouloir entrer dans cet endroit disgracieux et engourdissant. La pierre était coupante et glissante. Des gouttelettes nous tombaient sur la tête. L’air était tellement humide que la lampe a été difficile à allumer. Bientôt nous fûmes dans un endroit où les stalagmites et les stalactites menaçaient de nous transpercer la tête et les chevilles. La poussière nous faisait tourner la tête. Brieuc se retourna pour éternuer, et, dans la grotte la voix de Rose résonna :

– Brieuc, derrière toi ! Je mis du temps à comprendre ce qui s’était passé. Brieuc était tombé dans trou, il s’accrochait désespérément au bord. Sous le choc, il avait lâché la lampe de rechange, celle-ci s’écrasa sur le sol quelques mètres plus bas.
– Brieuc ! cria Rose. On va te lancer une corde, tu vas l’attacher à ta ceinture, et on va te remonter ! Brieuc exécuta, non sans mal, la demande de Rose. Nous tirâmes de toutes nos forces. Mais nos efforts étaient vains. Brieuc était coincé.
– On va aller chercher des secours ! T’inquiète pas, dit-elle d’une voix pas du tout rassurante. Le garçon, blême, acquiesça faiblement, avant de s’évanouir.

Pendant plusieurs minutes personne n’osa prononcer un mot. Enfin, Rose jeta furieusement des pierres sur le mur. Les pauvres roches millénaires n’en pouvaient plus, elle lâchèrent… L’entrée s’effondra laissant paraître un dernier rayon de soleil, avant qu’une nuit noire ne s’abatte sur la grotte. J’aperçus une forme monter sur une corde, il faisait très noir mais j’ai réussi à apercevoir quelques éléments : son corps était grand ; il avait une tête un peu asiatique, des cheveux courts… Je me précipitai à l’ouverture où ce personnage avait disparu. Mais plus rien, plus personne, plus de corde, juste une ouverture menant plus haut. Nous prîmes donc notre corde et notre lampe et nous montâmes, lentement, mais sûrement… Enfin, nous arrivâmes sur une plateforme, mais là, devant nous, notre plus grande terreur : un passage étroit et très petit, même pas assez grand pour faire passer un petit loup. Nous étions terrorisés mais déterminés. Le passage était horrible, nous devions nous déplacer la joue collée au sol pour pouvoir espérer passer. Faire demi-tour était impossible, nous avons donc vite regretté. D’un coup, nous n’avions plus besoin de ramper, et le tunnel était devenu beaucoup plus soigné, les parois étaient droites et faites en terre, ce qui signifiait que nous nous approchions de la surface ! Enfin, nous fûmes éblouis par la lumière du jour, même si il se faisait tard. Nous étions dans un château, il y avait une herse et même un pont-levis !

Une sirène résonna si fort, que notre cœur a failli s’arrêter. Puis, plusieurs explosions suivirent. Rose proposa de monter sur une grande tour au milieu du château. Celle-ci était très abîmée, les murs semblaient très fragiles. Peu à peu ils s’effritaient en petit grains, comme du sable. Pendant que nous étions en train de monter, je vis la silhouette de la personne aperçue dans la grotte, je la reconnue, c’était Tristan, un ami de classe. Il était là, à me fixer, à moitié dans une maison… Rose m’appela, je montai donc, en me demandant ce qu’il faisait là. Je compris alors la raison pour laquelle Rose m’avait appelé : des pompiers transportaient Brieuc ! Nous fûmes très contents à l’idée de voir Brieuc de nouveau sur pieds. Nous observâmes longtemps l’ambulance blanche s’éloigner sur le chemin. Nous regardâmes alors les traces de ses roues dans la boue…

Quand nous avions voulu partir, les oiseaux ont commencé à tourner au-dessus de nous, nous étions perplexes devant ce phénomène. Je sentis une étrange présence derrière moi, je me retournais, quand quelque chose, ou devrais je dire quelqu’un, nous poussa du sommet de la tour ! Je vis la grande tour devant un ciel bleu sans nuage, puis une ombre se déplaçant derrière des merlons ; tout à coup elle se dispersa en cendres. Ce fut la dernière chose que je vis…

 

Adam